NOW – ECAL et Sciences Politiques ? Vous avez tous les deux changé de voie, c’était inévitable ?
VV – Je ne parlerai pas d’un changement de voie, plutôt d’une direction moins traditionnelle. Ma formation à l’ECAL m’a aiguisé le regard, donné un sens de l’image, appris l’histoire de l’art, des outils dont que je me sers quotidiennement.
VK – J’ai suivi la filière des sciences politiques pour retarder le moment du choix de la carrière, pour continuer à apprendre. Et un jour, l’appel de la scène, du jeu, s’est fait trop fort et j’ai bifurqué. Mais je me sers encore au quotidien de ce que j’ai appris sur les bancs de l’Université.
NOW – Vous fêtez cette année les 10 ans de 120 secondes, vous aviez imaginé un tel succès ?
VV – Jamais, non. On est très heureux et chanceux de pouvoir faire ça dix ans plus tard grâce au public qui nous suit, mais ce n’était pas imaginable en premier lieu.
VK – Il n’y avait en effet aucune ambition quant à la durée. J’ai toujours fait des plans pour l’année ou les deux années à venir, rarement au-delà. Aujourd’hui, j’arrive à me projeter dans trois ou quatre ans, mais cela ne dépend que de l’acceptation du public de continuer à nous suivre.
NOW – Vous avez tous les deux plusieurs cordes à vos arcs comédien, acteurs, humoriste, réalisateurs, et même auteur pour Vincent Golay une préférence ou elles sont toutes indissociables?
VV – Elles se nourrissent les unes les autres. Chaque projet est unique, fait appel à d’autres muscles, mais le point commun est la créativité: inventer, raconter et si possible faire un peu rigoler.
VK – Nos expériences sont complémentaires et se nourrissent pour être mises au service des projets qui sont les nôtres. Et comme elles sont généralement insuffisantes, nous faisons systématiquement appel à celles d’autrui.
NOW – Vous vous êtes rapproché du court, moyen puis long métrage récemment une suite logique ? Synonyme de reconversion ? Parlez-nous du film.
VV – Nous avons un projet de film qui est en cours, un buddy movie mettant en scène Vincent et moi en policiers qui mènent une enquête au début du XXe siècle dans la campagne vaudoise. Une adaptation d’un roman. On croise les doigts pour que le projet aboutisse et comme on est superstitieux, on n’en dira pas plus.
VK – Vincent en a déjà trop dit.
NOW – Quels sont vos personnages pour lesquels vous avez le plus d’affection ?
VV – Ils ont tous quelque chose de spécial. Ça m’embêterait de devoir choisir.
VK – Lorsqu’un nouveau personnage surgit, il bénéficie de l’affection propre à la découverte.
NOW – Vous êtes-vous auto-censuré pour certains sketchs ? Est-il aujourd’hui encore possible de rire de tout ? Mais peut-être pas avec tout le monde ?
VV – On remarque une certaine tension depuis le début de la pandémie, que quelque chose change un peu dans la réception de certains de nos sketchs. Mais sinon depuis dix ans, notre étalon de mesure est le bon goût, l’intérêt du commentaire, la pertinence du propos. Difficile de traiter d’un fait divers, par exemple. Il n’y a pas grand chose à en dire.
VK – Et à propos d’humour, quand on écrit un sketch, il faut avant tout qu’il nous fasse rire nous. Si c’est le cas, on fonce et on a la chance qu’assez souvent, le public nous suive.
NOW- Déjà une rétrospective de votre carrière en août dernier, on se dit c’est la consécration où on prend un coup de vieux ?
VV – On se dit « putain, déjà 10 ans ? » donc oui un petit coup de vieux. On n’a pas vraiment l’habitude de s’auto-congratuler. A part quand on n’est que les deux, un peu saouls.
VK – On est quand même contents que ça dure.
NOW – Des collaborations récentes avec Stephan Eicher, Zep, vous avez de nombreux projets en parallèle, vous voulez nous en dire un peu plus ?
VV – Avec Zep, j’ai eu la chance de pouvoir interpréter Jésus dans une mini-série. De me mettre au service et de jouer. C’était une super expérience. Avec Stephan Eicher, dans un tout autre registre, nous avons produit et réalisé un film artistique en plein été 2020: une sorte de voyage en nature avec plein d’amis de Stephan, musiciens, danseurs, acrobates. C’était l’occasion de faire autre chose, tout en gardant notre patte et notre agilité en terme de production d’images.
NOW – Un projet, un rêve pas encore réalisé ?
VV – Grimper le Cervin.
VK – J’adorerais accompagner Vincent. Mais il y aurait sans doute trop de travail pour dompter mon vertige.
NOW – Selon vous quelle serait la plus belle suite à vos carrières respectives ?
VV – Continuer à travailler ensemble et se soutenir dans des projets parallèles. Afin de pouvoir respirer artistiquement et donc de vivre le plus longtemps possible ensemble!
VK – Rien à ajouter.
Une autre actualité, celle d’un livre : Portraits de 120” regroupant une sélection de portraits photos de 70 personnages incarnés par Vincent Kucholl et Vincent Veillon durant leurs dix ans de collaboration sur la RTS. Un très bel ouvrage réalisé par les photographes Anne Sophie et Benoît de Rous.