Né en 1905 dans une famille d’industriels normands, Christian Dior est un enfant timide et réservé. Alors que son nom est surtout associé aux engrais et à l’eau de javel, le jeune couturier développe une sensibilité pour l’art et la beauté des plantes. Il débute par ouvrir une galerie d’art, mais la crise économique de 1929 l’oblige rapidement à la fermer. Il commence alors à vendre ses dessins de mode à différents magasines, avant de devenir modéliste chez Robert Piguet, puis chez Lucien Lelong. Finalement, à quarante ans Christian Dior décide d’ouvrir sa propre Maison, grâce à la participation financière de Marcel Boussac, l’un des industriels les plus célèbres de l’époque.
« New look » et autres frivolités
La France se réveille grise et ternie après la Seconde Guerre Mondiale. Christian Dior veut alors rendre aux femmes ce que ces longues années de conflit leur avaient pris. Frivole, légère et élégante, sa première collection redessine la silhouette féminine avec une taille cintrée et épaules arrondies. Ce « New look » se porte avec une touche florale au cou et poignets : la flagrance « Miss Dior ». Passionné à la fois de botanique et d’architecture, Christian Dior construit ses créations en leur donnant la simplicité et la douceur des fleurs. Se ressourçant dans la nature, il glisse souvent des motifs floraux sur ses tissus, alors que le muguet, sa fleur fétiche, est une sorte de fil rouge à travers ses compositions. Le nouveau style connaît alors une véritable expansion internationale, au point où il devient le premier couturier à faire la couverture du célèbre journal américain « Time ». Après avoir cultivé sa Maison comme sa mère cultivait le jardin familial, le couturier décède en 1957.
Nouvelle ère de Yves Saint Laurent à Maria Grazia Chiuri
Après la mort de Christian Dior, la Maison voit défiler six talentueux créateurs. Même si chacun apporte une touche individuelle, le terreau de l’élégance et délicatesse si cher au couturier, reste ancré dans l’image de la marque. Yves Saint Laurent est le premier à reprendre les rênes de l’entreprise, mais après une première collection très réussie, il décide de partir. Sa place est alors reprise par Marc Bohan, qui dirigeait les filiales londonienne et new-yorkaise. Il pousse la Maison sur trois nouvelles directions avec le lancement de Baby Dior en 1967, Christian Dior Monsieur trois ans plus tard et finalement l’horlogerie en 1975. A son départ, il est remplacé par Gianfranco Ferré, qui recrée des modèles emblématiques de la Maison. Ensuite, c’est l’exubérant John Galliano qui devient la tête artistique de l’entreprise en 1996. Ses créations excentriques ne laissent personne indifférent. Si certains sont choqués par sa collection « Clochards », la majorité est en admiration devant ses défilés uniques, théâtraux et grandioses. Il réussit à donner une image plus dynamique à la marque, tout en conservant ses valeurs. Suite à un scandale selon lequel le couturier aurait tenu des propos racistes et antisémites, il est remplacé en 2011 par Raf Simons, qui empreinte une direction plus minimaliste au succès mitigé. Après seulement trois ans, son départ est annoncé. C’est alors la créatrice italienne Maria Grazia Chiuri qui devient la nouvelle directrice artistique de la Maison, après avoir travaillé pour Fendi et Valentino. Sous son impulsion, le New Look de Dior devient féministe et contemporain. A l’image de notre époque.
Tout comme Christian Dior a accordé ses créations à l’époque d’après guerre, ses successeurs ont fait évoluer la marque au fils des années pour finalement aboutir à une mode à l’image de la femme contemporaine.