Horlogerie
15 janvier 2018

Mina, la belle pentagonale de YvanMonneT

par Redaction NOW Village


Tombée discrètement en janvier, tel un sympathique ovni horloger perdu au cœur de la pluie des nouveautés 2018, cette ‘pentagonale’ incarne la Genève profonde.

– Par Joël A. Grandjean

Au fil de l’histoire de la Cité de Calvin, le riche épisode des Cabinotiers est intimement lié à l’horlogerie suisse, donc mondiale. C’était en effet l’ère studieuse et bénie de la Fabrique, sorte de manufacture horizontale où les montres, dans leur processus de fabrication, passaient de cabinets en cabinets plutôt que d’être issues d’une seule et même entité industrielle appelée par la suite, dès les premières nécessités de l’industrialisation, manufacture.

YvanMonneT au cœur du quartier Saint-Gervais

Que les historiens et les scientifiques me pardonnent ces petits raccourcis que j’emprunte pour raconter l’horlogerie à des publics jeunes et nouveaux, vierges de culture générale horlogère. Mais il est plus facile ainsi de comprendre que les ouvriers d’alors, indépendants œuvrant minutieusement chacun dans leur cabinet et en fonction de talents précis et de spécialités, prirent le nom de celui-ci. «Cabinotiers», de petits ateliers ‘cabines’ dont le quartier de Saint-Gervais, le lieu historique où ils s’étaient concentrés, conserve encore les traces dans son architecture, tant il était indispensable à ces lieux d’exercice des arts horlogers d’être connectés au maximum de lumière et à la proximité du réseau hydraulique.

C’est dans ce quartier, juste au-dessus d’un lieu mythique de Genève, le restaurant de la mère Royaume, que l’artisan Yvan Monnet ancre son atelier. De la même manière que certains horlogers se réclament de valeurs originelles garantes de bonnes pratiques en matière de science chronométriques, Yvan Monnet revendique le gardiennage d’un héritage tout aussi important au secteur, celui de l’habillage, domaine un peu éclipsé médiatiquement par le goût des collectionneurs pour les entrelacs micro mécaniques des rouages de calibres. En horlogerie d’excellence, le terme désigne l’ensemble des minuscules opérations manuelles qui transcende un garde-temps. Elles sont nombreuses. On parle aussi des «terminaisons», cette autre façon de désigner ce qui, dans d’autres domaines, s’apparente aux finitions.

L’univers secret des finitions subtiles

Pour ceux qui sont déjà un peu plus familiers avec l’horlogerie suisse, voire genevoise, YvanMonneT serait à l’habillage horloger ce que Laurent Ferrier est aux mouvements, quand bien même les deux univers sont appelés à se fondre en d’indissociables épousailles. Les deux hommes peuvent d’ailleurs se réclamer au moins d’une référence commune, la grande maison Patek Philippe à laquelle ils ont offert quelques années charnière de leur vie professionnelle. Yvan Monnet y a ajouté aussi d’autres enseignes prestigieuses de la place, vouées à ce que le verbiage horloger appelle aujourd’hui les Métiers d’Art. Parmi ces métiers, le polissage, l’émaillage, le guillochage, les savoir-faire cadraniers, l’anglage et tout ce qui s’apparente à rendre plus beau et plus subtil un objet qui n’aurait pu se concentrer que sur sa fonctionnalité.

Actuellement, dans le grand public, peu parviennent à déceler les infinités de subtilités dont Mina font l’objet, comme d’ailleurs toutes les montres qui se réclament du même segment mais dont la valeur est souvent multipliée par trois. Car la montre Mina vient tout droit de la passion, elle est en ligne directe avec l’atelier et l’esprit aventurier des entrepreneurs de l’impossible. De plus, on aime ou on n’aime pas, elle est titulaire d’une originalité qui la rend immédiatement reconnaissable, même du fond d’un lieu public. Sa forme pentagonale, aux esthétiques si savamment polies qu’elles fusionnent avec de parfaits arrondis, incarne ce dont tant de marques, même parmi les reconnues, rêvent de pouvoir disposer: une touche identitaire marqué, unique et à nulle autre pareille. Cette forme, Yvan Monnet l’a transcendée en une sorte d’équilibre nouveau, décomplexé, empli d’une fraîcheur bienfaisante dont certains grands noms du domaine ont perdu la trace…

L’élégance et la tradition en mode abordable

L’heureuse combinaison de couleurs des cadrans et des bracelets (dont deux à choix sont livrés au moment de l’achat), offrent à chaque fois à ce garde-temps un visage différent. Hélas, les hommes auraient pu se sentir un peu écartés puisque la taille de 35 mm de diamètre de la Mina – peut-on d’ailleurs encore parler de diamètre face aux 5 côtés de cette forme disruptive? – semblait peu encline à s’enrouler autour d’un poignet masculin, aussi fluet fût-il.

Ouf, l’artisan Yvan Monnet m’exhibe le prototype d’une Mina aux proportions bien plus viriles. Elle est en production. Du coup, il convient de rassurer celles et ceux qui voudraient craquer mais s’en retiennent en raison des réticences d’usage face aux aventures entrepreneuriales naissantes. En s’offrant une Mina habitée par un calibre mécanique à remontage manuel ou automatique, une montre dont l’accessibilité de prix pourrait paraître suspecte comparée aux montres de même catégorie provenant des grandes marques, l’acheteur acquiert la parcelle patrimoniale d’une excellence et de bonnes pratiques qui émanent tant du motoriste Sellita que des artistes mis à contribution pour réaliser l’habillage horloger de ces attachantes pentagonales.

Mina 42mm Acier sera disponible au printemps.