Portrait
17 mai 2018

Cédric Johner – Un horloger sans concession

par Laëtitia Cadiou


Il nous ouvre les portes de son atelier - L’occasion de rappeler ce que sont les préceptes d’un horloger indépendant.

Un atelier à Carouge comme dans un grenier ou l’on retrouve ses jouets d’enfance, ou le temps semble s’être arrêté. Pourtant c’est un atelier ou le temps plutôt se fabrique, se poli, se grave, se remonte. D’ailleurs remontons le aussi pour comprendre le parcours initiatique d’un horloger qui n’en fera qu’à sa tête.

L’ADN horloger

Contrairement aux idées reçues, un horloger n’est pas toujours issu d’une lignée d’horlogers depuis plusieurs générations, il arrive qu’il tombe dedans un peu par hasard. Pour Cédric Johner le hasard aura bien fait les choses, c’est en accompagnant son grand-père à la foire de Bâle la première fois il y a 37 ans qu’il va se prendre de passion pour le mécanisme d’une montre. Depuis, chaque année, il arpente les allées de la foire de Bâle, nommée aujourd’hui Baselworld, globalisation oblige. Les allées sont devenues de plus en plus longues et les exposants de plus en plus nombreux. En 1982 il est engagé par la maison Chopard pour y être formé dans le département joaillerie. Il y apprend les rudiments du mécanisme et de l’esthétisme, tout le processus de la création d’une montre.

Baselworld ou l’horloger au pays des merveilles

Après avoir fait ses preuves à la maison Chopard, à 23 ans il se lance dans l’aventure et devient horloger indépendant. Il continue toutefois sa formation en prenant des cours du soir à l’école d’horlogerie de Genève pour s’y perfectionner. A 31 ans il crée ses 4 premières montres et se rend à la grand-messe de l’horlogerie : la foire de Bâle, muni d’un badge visiteur, la fleur au fusil et un seul modèle de montre dans la poche de son manteau. Il se faufile dans les soirées et cocktails avec l’espoir d’y rencontrer quelqu’un à qui il pourra montrer son modèle et s’abreuver de conseils de professionnels du monde horloger.

Le hasard de la vie une fois encore et beaucoup d’audace auront permis une belle rencontre : celle d’un représentant opérant pour un grand détaillant aux Etats-Unis. Il va adorer le modèle de montre de Cédric Johner, Il lui achète, et passera une commande de 20 modèles supplémentaires. Pour Cédric Johner la vie d’horloger indépendant commence avec ses grandes joies mais aussi les caprices du marché et des tendances. 

Crédits photo @cedric-johner

Un parcours exemplaire

A 32 ans il va exposer à la foire de Bâle pendant 7 années consécutives. Toutefois les exigences du salon à toujours devoir exposer plus et dépenser plus, la concurrence toujours plus grande vont l’obliger à quitter la foire de Bâle, mais aura pu développer un fameux réseau fait de détaillants passionnés et de collectionneurs avertis.

Aujourd’hui Cédric Johner crée des modèles de montre unique et très fier de dire que 80% de sa fabrication est créer  à Carouge, dans son atelier, comme le mouvement, l’aiguille, la boite, la boucle, seuls la glace et le cuir sont fabriqué à l’extérieur. Le concept de pièce unique trouve sa factualité lors de recherches sur les matières ou les gravures toutes faites à la main. Cédric Johner est toujours à l’affût de matière et patine parfaites pour ses modèles de montres.

Matières et patines exceptionnelles

Perfectionniste et rêveur, les contradictions font souvent bon ménage. Il garde dans un coin de son esprit les matières qu’il souhaite pour son modèle de montre et cherche sans relâche pour obtenir le résultat escompté. Comme par exemple pour le modèle la CJ-01 en bronze. Il va tomber sur une oeuvre du sculpteur Jean-Luc Brandily, dont la couleur et la patine du bronze est à l’identique de celle dont il rêve pour son boitier. Il va devoir convaincre l’artisan de patiner des pièces miniatures en bronze, on l’imagine n’est pas chose facile. Il faut manier le chalumeau, faire des mélanges d’acides pour maitriser la couleur en miniature. Le résultat est simplement magnifique.

Plein feu sur la Genève

NOW Geneva se devait de mettre en avant cette pièce unique qui va faire parler d’elle et l’on se demande qui va  être le chanceux à s’offrir Genève? La Genève est en acier poli, rehaussée par une gravure sculptée à la main sur les flancs du boîtier. Tout autour du cadran s’élèvent les bâtiments typiques de la rade de Genève surplombant le lac Léman. Le centre du cadran est finement ciselé à la main et recouvert d’une laque translucide bleutée. Les trois ouvertures laissent apparaître certaines parties du mécanisme  finement décoré à la main. Mécanisme qui comprend toutes les finitions et les terminaisons pour avoir été labellisé par le prestigieux poinçon de Genève. À l’arrière, le mécanisme apparait à travers  l’emblème du canton de Genève ajouré et gravé à la main.

« Par cette œuvre «Genève » je souhaitais retracer la force et le caractère unique de cette ville internationale où j’ai vu le jour » Cédric Johner.

www.cedric-johner.ch

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