Mode
11 septembre 2019

Des toiles Monogram au cuir Épi, histoire de Louis Vuitton

par Eugénie Rousak


© Archives Louis Vuitton Malletier

Le voyage est le fil rouge qui définit l’ascension de Louis Vuitton. Il y a d’abord son trajet à pied de 400 kilomètres pour rejoindre Paris. Ensuite, les coffrets de voyage qui l’ont fait connaître auprès des clients les plus notoires en quête d’horizons lointains. Sa rapide expansion dans les grandes capitales a donné la notoriété nécessaire à l’audace avec laquelle la marque s’avance dans la création d’accessoires avant-gardistes et révolutionnaires. Ce pèlerinage dure depuis plus de 150 ans. La célèbre Maison identifie les nouveaux besoins de sa clientèle et adapte ses collections au grès des envies de ses créateurs.

Né en 1821, le jurassien Louis Vuitton aide d’abord son père meunier et menuisier. Très habile de ses mains et désirant se perfectionner, il décide de se rendre dans la capitale pour faire son apprentissage en tant que malletier. A ce moment la France connaît un véritable essor du secteur des transports et les voyageurs se tournent vers les artisans pour leur créer des protections de qualité. La rigueur et la précision du jeune apprenti se remarquent rapidement. Une clientèle plus célèbre lui est alors progressivement confiée et ses créations partent aux quatre coins du globe. L’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, était d’ailleurs une grande utilisatrice de ses bagages.

Ère famille Vuitton

Ayant accumulé plus de quinze ans d’expérience et développé un important carnet d’adresses, l’artisan fonde en 1854 la Maison Louis Vuitton. Elle s’installe alors au cœur de Paris, au 4 rue Neuve-des-Capucines. D’ailleurs, l’emblématique sac Capucines est nommé en référence à cette toute première adresse ! Pionnière, la marque accompagne les grands voyageurs autours du monde qui s’industrialise. Les bagages arrondis étant de plus en plus difficiles à être empilés et transportés en train ou bateau, Louis Vuitton révolutionne alors cette industrie en proposant les premières malles plates. Véritable succès qui entraine la marque sur le marché international ! Sous l’impulsion du fils du fondateur, Georges Vuitton, la Maison ouvre ses premières boutiques londonienne et newyorkaise. Cette réussite fulgurante du luxe à la française fait également des envieux et la marque doit rapidement faire face à des contrefaçons. Pour minimiser cette tendance, elle lance d’abord le célèbre motif damier, puis en 1896 la toile Monogram avec les initiales LV et finalement introduit son fameux verrou à deux boucles de ressort. Après la mort de son fondateur en 1892, l’entreprise est reprise par George Vuitton qui perpétue l’œuvre visionnaire de son père. En 1914 la marque ouvre la plus grande enseigne entièrement dédiée aux articles de voyage, le Louis Vuitton Building sur les Champs-Elysées. La même année près de 225 employés travaillent dans l’atelier d’Asnières pour répondre à une demande toujours plus grandissante. Les années suivantes, les descendants de Louis Vuitton font vivre la Maison avec succès, innovant tantôt dans les matériaux en introduisant les toiles souples, tantôt en s’orientant vers des gammes nouvelles comme le parfum. Dirigeant la maison dans les années 1970, l’arrière petite fille du fondateur, Odile Vuitton, et son mari l’entrepreneur Henry Racamier décident de s’allier avec les familles Chandon-Moët et Hennessy pour créer le premier groupe de luxe, LVMH.

Ère LVMH

Lançant une offre publique d’achat, Bernard Arnault devient en 1989 l’actionnaire majoritaire du groupe. A cette époque, Louis Vuitton se spécialise surtout dans les activités de maroquinerie, mais la marque au damier va rapidement emprunter de nouvelles directions se réinventant et concurrençant les autres Maisons de luxe. Des collections de prêt-à-porter, souliers, horlogerie ou encore joaillerie attirent une nouvelle clientèle, plus jeune et tendance. En 1996 la marque s’allie avec des créateurs pour imaginer des pièces exclusives. Elle sort notamment le  « Sac Alma Panthère » imaginé par Azzedine Alaïa, le cabas transparent d’Isaac Mizrahi  ou encore le « Sac Faux-Cul » signé Vivienne Westwood.

Pour encore plus moderniser l’image de la marque, Marc Jacob est nommé directeur artistique l’année suivante. Il allie avec délicatesse l’héritage et tradition du savoir-faire de la Maison à ses idées avant-gardistes et excentriques. Sous son influence, le Monogram se décline dans différentes versions, allant du mini au graffiti. Il renforce le côté artistique et avant-gardiste de la marque grâce aux nouvelles collaborations, avec notamment Takashi Murakami et son Monogram multicolore ou encore Yayoi Kusama et ses polkadots futuristes. Quittant Louis Vuitton en 2013, le designer laisse l’une des marques les plus notoires de la mode. Nicolas Ghesquière est alors nommé Directeur Artistique des collections Femme. Ce designer français est surtout connu pour avoir travaillé près de 15 ans chez Balenciaga. En 2018 il a été rejoint par Virgil Abloh, fondateur de la marque Off-White, qui a ainsi remplacé Kim Jones au poste de Directeur Artistique des collections Homme.

©Louis Vuitton, Campagne "Monogram Icons"

©Louis Vuitton, Campagne “Monogram Icons”

Créée pour accompagner les voyageurs, Louis Vuitton s’est diversifié au fil des ans, empruntant actuellement un virage de la création. La marque est également très active dans le domaine artistique, que cela soit en tant que mécène avec une Fondation à son nom ou ses nombreuses collaborations. Cet été, la Maison a d’ailleurs dévoilé sa dernière collection : Artycapucines. Les artistes contemporains ont revisité l’emblématique modèle Capucines pour créer six interprétations, disponibles chacune à 300 exemplaires.

Boutique Louis Vuitton – Rue du Rhône, 33 – CH-1204 Genève