Lifestyle
18 avril 2023

Mariage entre art et design

par Eugénie Rousak


© Yayoi Kusama, photo par Yusuke Miyazaki

Zoom sur les collaborations les plus hot.

Si les mouvements artistiques ont toujours été une source d’inspiration pour les créateurs, l’héritage culturel est également un invité régulier dans les collections de mode et de design.

Les frontières sont poreuses entre l’art et les Maisons de mode ou de design. Les musées organisent régulièrement des expositions ou rétrospectives consacrées aux grands créateurs, alors que l’industrie actuelle fait régulièrement converser ses objets emblématiques avec les chefs-d’œuvre du monde. De ce mariage naissent des collections inédites, qui mêlent l’héritage culturel aux tendances nouvelles. Si l’histoire connaît des incontournables collaborations symbiotiques, les récentes rencontres sont également surprenantes, voire inattendues. Passage en revue.

Louis Vuitton x Yayoi Kusama

La collaboration entre Louis Vuitton et Yayoi Kusama était surement la plus attendue, mais pourquoi un tel engouement ? Tout d’abord, parce que les deux grands noms avaient déjà collaboré en 2012, propageant une véritable déferlante de pois et teintes vives dans le monde de la mode. L’autre raison est la qualité et l’originalité des artistes que la Maison choisit pour ses partenariats. De Stephen Sprouse à Richard Prince, en passant par Takashi Murakami ou Jeff Koons, les styles sont complètement antinomiques ! Alors que la campagne a été lancée en début d’année, le monde s’est depuis couvert de polka dots multicolores ! Ils sont partout : sur les sacs de Bella Hadid, égérie choisie, le packaging des fragrances iconiques, les pièces les plus emblématiques de la Maison et même différents bâtiments autour du monde. En parlant justement des bâtisses, la fantasmagorie a atteint son apogée lorsqu’une sculpture géantissime de Yayoi Kusama en train de déposer ses Painted Dots sur la devanture de la boutique des Champs-Élysées a été dévoilée au public ! Les réseaux sociaux se sont emballés, propulsant la collaboration sur le devant de la scène. En plus de ses nombreux types de pois, l’artiste a également revisité près de 400 pièces avec ses citrouilles iconiques, les « faces » surréalistes et les Fleurs Figuratives, le tout dans son style si reconnaissable. Impressionnant, non ?

Louis Vuitton x Yayoi Kusama

Swatch x MoMa, Magritte, le Louvre Abu Dhabi et Le Gallerie Degli Uffizi

Alors que l’art fait aujourd’hui partie intégrante des montres-bracelets Swatch, cette histoire d’amour remonte à 1985. En presque quarante ans, la maison horlogère a collaboré aussi bien avec des artistes, designers, photographes et architectes qu’avec des grandes institutions culturelles. Tour à tour, l’illustration signée Christian Chapiron, alias Kiki Picasso, les trompes-l’œil d’Alfred Hofkunst, les lignes géométriques de Piet Mondrian ou encore le sourire de Monna Lisa, ont habillé les poignets. Pour sa collection printemps 2023, la marque helvétique a décidé d’aller encore plus loin en s’associant non pas à une institution, mais à quatre piliers du monde de l’art. Avec le MoMA, l’idée était de célébrer les 100 ans de la naissance de Roy Lichtenstein, en installant ses fameuses bandes dessinées à pois sur les cadrans. Pour sa montre, le Louvre Abu Dhabi a décidé de glisser deux éléments sur une seule pièce : côté face un fragment de la fameuse vague de Hokusai, alors que côté pile est L’astrolabe de Muhammad ibn Ahmad Al-Battuti. À l’image des jeux de surréalisme de Magritte, le premier modèle à l’effigie de l’artiste abrite fièrement une pipe qui n’en est pas une, alors que le second est une Apple Watch, tout droit sortie du XXe siècle. Enfin, Le Gallerie degli Uffizi amène la Swatch au temps de la Renaissance de Botticelli avec « La Naissance de Vénus » et « L’allégorie du printemps ». Au total, sept montres permettent de porter des œuvres d’art iconiques au quotidien, une jolie façon de sortir les toiles de leurs cimaises et ainsi démocratiser l’art !

Collection Swatch Art Journey

UNIQLO x Louvre

Quand le spécialiste japonais du LifeWear s’associe au géant iconique de l’art le plus visité au monde, cela donne un partenariat unique sur quatre ans. Lancé en 2021, il a notamment permis de faire sortir les œuvres du musée, à défaut de pouvoir les visiter durant la pandémie ! Si ce rendez-vous entre la culture et la fast fashion se matérialise dans la ligne UT de la marque, la collaboration entre les deux emblèmes va également au-delà du vêtement (on en reparle dans un instant) avec une composante résolument culturelle. Et oui, UNIQLO a décidé d’également parrainer la Nocturne du samedi et devenir partenaire des Mini découvertes, visites guides courtes destinées aux familles pour compléter cette collaboration. Mais revenons sur le textile. La première collection s’est articulé autour des numéros d’inventaires des œuvres, idée conceptualisée par le designer Peter Saville pour la ligne masculine. Pour le volet féminin, les célèbres tableaux et œuvres du Louvre ont été mis en avant. L’année dernière, ce partenariat s’est concrétisé par l’invitation de l’artiste japonais Yu Nagaba à revisiter les chefs-d’œuvre du musée dans son style épuré. Il a ainsi choisi ses modèles parmi les quelques 35 000 oeuvres exposées pour ensuite les (re)dessiner d’une façon minimaliste, créant ainsi les liens entre l’héritage culturel et les tendances actuelles. Petit plus, une tasse et sa soucoupe de type Hasami ont été rajoutées à la collection ! La collaboration UNIQLO x Louvre dure encore jusqu’en 2024, donc le rendez-vous pour la prochaine capsule est donné !

Collection Musée du Louvre × Yu Nagaba, Uniqlo Ligne UT

Dr. Martens x The National Gallery

Pour cette collaboration 100% british, la marque aux chaussures « punk » et honteusement solides s’est associée à la londonienne The National Gallery. De ce partenariat sont nées quatre pièces, trois modèles de chaussures et un sac, qui mettent en valeur trois grands peintres du XXe siècle. Pour la première paire, les bottes 1460 sont habillées avec les fameux tournesols, signés Vincent Van Gogh, ainsi qu’agrémentés de lacets marron foncé, œillets en or brossé et des fameuses surpiqûres jaunes. Pour les deux autres, c’est le modèle 1461 qui a été détourné. Ainsi, les fameux nénuphars de Claude Monet glissent délicatement de Giverny sur le cuir Backhand Strawgrain pour un look aux tons verts. La troisième création est un mélange entre le devant noir très classique de la chaussure, alors que sa partie arrière est recouverte avec « Une baignade à Asnières » de Georges Seurat. Mariage extravagant entre grunge et palette pastel ! Et pour rendre hommage aux trois artistes en même temps, Dr. Martens a également conçu un sac à dos totalement arty, mélangeant les trois chefs-d’œuvre sur une seule pièce ! Une jolie revanche pour les trois impressionnistes, refusés des Salons de l’époque, qui ont décidé de rompre avec les règles. Si cette collaboration customisée est absolument unique, ce n’est pas la première fois que la marque s’offre les toiles des grands maitres. Depuis, une autre collection est parue, cette fois-ci en partenariat avec The Met et placée sous influence japonaise. Les codes sont ainsi déjoués !

DM’S X The National Gallery

Lalique x fondation Magritte

Ce n’est pas un hasard si Lalique a également décidé de mettre en avant l’univers à la fois figuré et énigmatique de René Magritte. En effet, cette année marque les 125 ans de la naissance de cet artiste belge hors normes et hors codes. Mais comment aborder le travail de ce surréaliste, suivant son langage si unique ? Lalique a répondu à cette question en faisant descendre les objets cultes de l’art Magritte de leurs tableaux pour les habiller de cristal ! Ainsi, même si la fameuse pipe s’est réapproprié sa forme de pipe, elle ne l’est toujours pas. De la même façon, d’autres objets emblématiques des peintures de Magritte se sont vu attribuer une représentation 3D, puisant dans le savoir-faire de Lalique. Il y a d’abord cette représentation de pommes, fil rouge sur une douzaine de tableaux. Tantôt toutes seules, tantôt en binôme, tantôt masquées dans l’œuvre du maître, cette diversité a été reprise par Lalique en créant deux versions distinctes. Ensuite, la marque a revisité le seul objet qui existait déjà en dehors des tableaux : le chapeau melon, que Marcel Mabille a dû acheter suivant les instructions très précises de l’artiste. Cela dit, Lalique l’a complètement détourné de sa taille d’origine, sans même parler de sa fonction première. Finalement, la collection se termine avec la pièce maitresse : « Le Bain de cristal » de 50 centimètres. Avec son jeu de parties transparentes et satinées et sa disproportionnalité de taille entre le verre et la girafe, la Maison a réussi à renforcer cette confusion, tant recherchée par l’artiste. Le ton est donné !

Magritte x Lalique

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Girl by Roy Lichtenstein
Swatch

Cabas Weekend
LV x YK

La Trahison des Images, René Magritte et Lalique

1460 The National Gallery Van Gogh Lace Boots Up
Dr. Martens

Assiette UT Musée du Louvre x Yu Nagaba
Uniqlo