Si les impressionnistes sont des invités réguliers à Martigny, pour débuter cette année artistique la Fondation Pierre Gianadda propose un voyage à travers l’œuvre du précurseur de ce mouvement. Ce n’est pas la première fois que la Fondation Pierre Gianadda présente les toiles de ce peintre de la lumière du 19ème siècle. Il y a près de trente ans, le fondateur Léonard Gianadda, avait échangé avec David Brown, conservateur à la Tate Gallery, gardienne de l’œuvre de l’artiste. De cette discussion est née en 1999 l’exposition Turner et les Alpes, accompagnée par les photos de l’alpiniste Michel Darbellay.
En 2023, l’histoire se renouvelle. Les toiles de William Turner, le commissaire David Brown et une nouvelle série de clichés de Michel Darbellay sur le thème de la nature vont à nouveau se rencontrer dans les murs de la Fondation. Une nouvelle aventure est prête. Subdivisée en sept sections thématiques, l’exposition Turner. The Sun is God retrace des expériences chromatiques, innovations artistiques et regard du peintre sur une époque en pleine mutation.
Mise en vision
Avant-gardiste du système colorimétrique et alchimiste des paysages, William Turner joue entre la représentation de la nature et la recherche de l’émotion dans ses toiles. S’inscrivant dans la veine romantique anglaise, il s’en distingue néanmoins par ses couleurs, ses formes, son toucher. Si aujourd’hui, il est régulièrement cité comme étant le précurseur de l’impressionnisme avec un siècle d’avance, à son époque il développait une observation aiguë du monde qui l’entourait. L’un des premiers à sortir de son atelier pour faire des croquis topographiques de la nature et ses phénomènes météorologiques, il joue ensuite avec sa mémoire visuelle et son imagination. Tantôt il s’inspire de l’histoire sanglante du Pont du Diable dans les gorges de Schöllenen pour une représentation dramatisée de la nature, tantôt il s’aventure dans la mythologie pour mettre en scène Bacchus et Ariane dans une reproduction exemplaire du paysage, tantôt il abolit la représentation de la réalité au profit des jeux de la lumière. Le tout est présenté durant l’exposition.
Lumière éblouissante, voire aveuglante
En opposition à la tradition de peindre sur des fonds sombres, Turner travaille sur des toiles blanchies, jouant sur les transparences de teintes et superpositions de couches pour créer l’atmosphère si particulière de ces œuvres. Si les phénomènes metéorologiques passionnent l’artiste, il développe une véritable obsession pour le soleil. La fièvre de la couleur jaune débute ! L’astre du jour prend progressivement une place prépondérante dans le travail de Turner et constitue également le thème central de l’exposition. Il aurait même déclaré « The Sun is God » avant sa mort, choisi comme titre pour cette rétrospective. Cela dit, sans l’ombre profonde, la lumière n’existerait pas, donc le peintre juxtapose ces deux phénomènes, qu’il voit à valeur égale. Ce thème est également développé durant l’exposition.
Né en 1775, William Turner vit dans une époque en plein bouleversement, une période durant laquelle la nature est affectée par le développement industriel. L’exposition se termine donc tout naturellement sur cette dualité entre les phénomènes atmosphériques d’un ancien temps et le résultat de l’activité humaine qui attend le monde ! À visiter !
Oeuvre à la une : Départ pour le bal (San Martino), exposée en 1846, William Turner ©Photo: Tate
Turner. The Sun is God
Du 3 mars au 25 juin 2023
Fondation Pierre Gianadda
Rue du Forum 59, 1920 Martigny
Site : http://www.gianadda.ch/