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12 janvier 2024

Cartier, le joaillier de l’amour

par Redaction NOW Village


Cartier : Révolution du luxe à la Française. La Maison Cartier fusionne tradition et innovation, redéfinissant l’horlogerie et la joaillerie avec audace et élégance.

 

Par Eugénie Rousak

L’histoire de la marque qui va devenir le fleuron de l’horlogerie et de la joaillerie débute timidement en 1847 au 29, rue Montorgueil à Paris. Ouvrier-joaillier depuis une dizaine d’années, Louis-François Cartier reprend l’atelier de son maître d’apprentissage. Mais c’est lors de l’ouverture de la première boutique dans le luxueux quartier du Palais-Royal six ans plus tard que la marque va connaître un succès sans précédent. Rejoint par son fils Louis-François-Alfred, puis par ses trois petits-enfants, Louis-Joseph, Pierre-Camille et Jacques-Théodule, le clan des Cartier remonte l’industrie de l’époque telle une montre mécanique. D’un mouvement précis et coordonné la troisième génération diffuse l’influence de l’entreprise au niveau international. Alors qu’à Paris la Maison s’approprie le numéro 13 de rue de la Paix sous l’œil vigilant de Louis-Joseph, Jacques-Théodule lui, se rapproche de la couronne britannique en ouvrant une boutique londonienne alors que Pierre-Camille importe les codes de l’élégance française de l’autre côté de l’Atlantique dans la succursale new-yorkaise. Les pièces de joaillerie en diamant ensorcellent alors la planète.

Images d'archives, Fondateurs Cartier

Images d’archives, Fondateurs Cartier

« Joaillier des rois et roi des joailliers »

La noblesse française est très rapidement interloquée par ce nouveau créateur parisien. La première vente est réalisée en 1856 à la nièce de Napoléon, la princesse Mathilde. Trois ans plus tard c’est l’impératrice Eugénie elle-même qui devient cliente, asseyant définitivement la notoriété de la marque auprès de l’aristocratie. Progressivement, la réputation de la Maison se diffuse dans les cours royales européennes, mais ce n’est qu’au début du XXème siècle que l’effet domino, tour à tour, fait succomber les familles impériales au charme des insatiables passionnés. En 1904, le roi Édouard VII d’Angleterre accorde le brevet de fournisseur officiel à la Maison, suivi de près par le roi Alphonse XIII d’Espagne et le roi Carlos Ier du Portugal. La boîte de Pandore royale est ainsi ouverte ! Par la suite Cartier fait tourner la tête des cours de Russie, Serbie, Grèce, Belgique, Roumanie, Égypte, Monaco, allongeant sans cesse sa liste de têtes couronnées. Encore aujourd’hui, Cartier reste une marque de référence pour les cérémonies royales, que cela soit Kate Middleton qui porte fièrement une tiare composée de 739 diamants lors de son mariage avec le Prince William ou le couple Albert II et Charlène qui scellent leur union par deux alliances en or platine blanc, signées Cartier.

Joaillier à multiples facettes

S’entourant des professionnels les plus pointus et visionnaires de leur temps, la marque travaille notamment avec Edmond Jaeger pour les montres, Maurice Couët pour les pendules ou encore Jeanne Toussaint, alias la Panthère, pour la bijouterie. Alors que les créateurs parcourent le monde pour trouver les plus belles pierres et les émaux les plus fins, Cartier innove les techniques et les matières, comme la platine par exemple qui fait sa grande apparition. Le haut niveau de la haute joaillerie atteint son paroxysme, dont les pièces sont aussi désirées qu’admirées. Les multiples commandes poussent la Maison dans des univers très singuliers parfois aux antipodes. C’est justement ce paradoxe qui détermine l’esprit de la marque, tantôt dans l’excès des pierres scintillantes de couleurs criardes, tantôt dans la simplicité des formes et des lignes épurées. 1924 est marquée par la création de la bague Trinity :  trois anneaux entrelacés, imaginés par le poète et artiste Jean Cocteau destiné à son ami et amant, l’écrivain prodige Raymond Radiguet, auteur du Diable au corps.

Quelques années plus tard la Maison sort ses premières pièces Panthères, composées d’un bouillant mélange d’or, de platine, d’émeraudes, de rubis, de diamants, d’émail, et autres composants précieux. Dans les années 70, la Maison crée Love, l’emblématique bracelet minimaliste unisexe aux visses aplaties d’inspiration industrielle, et en même temps travaille sur le collier Crocodiles pour l’excentrique actrice mexicaine María Félix contenant plus de 1000 émeraudes et 1000 diamants. Discrets ou exubérants, géométriques ou exotiques, animaliers ou graphiques, Art Déco ou classiques, les créations de Cartier sont une incarnation de virtuosité et savoir-faire qui sublime la personnalité et l’aura de leurs propriétaires.

Horloger innovateur

Du côté de l’horlogerie, la révolution nommée Santos s’abat sur l’industrie en 1904. Alors que l’aviateur brésilien Santos-Dumont fait part de ses difficultés pour utiliser sa montre à gousset en plein vol, Louis-Joseph lui propose de placer simplement le cadran sur le poignet. L’industrie horlogère vit ainsi son premier looping signé Cartier ! Le succès de la première montre-bracelet est immédiat et elle est rapidement commercialisée. Le principe sera repris dans les prochaines créations emblématiques de la Maison, dont la montre Tonneau (1906), la Tank (1919) ou encore la Baignoire (1957). Visionnaire, la marque ne s’arrête plus dans l’ingéniosité et créativité et tout y passe. En 1909, le bracelet subit un raffinement avec l’apparition de la boucle déployante. A la fois ingénieux et élégant, ce système, encore utilisé aujourd’hui, permet à la montre d’être maintenue sur le poignet même en étant ouverte. La seconde innovation de l’industrie est l’envol ou plutôt le plongeon en 1930, qui cristallise la technologie et le luxe. La marque réalise une commande spéciale pour le pacha de Marrakech : un boîtier en acier avec une réserve de marche exceptionnelle pour l’époque, pouvant être plongé jusqu’à 100 mètres !

©Cartier, Montre Santos

©Cartier, Montre Santos

Mais si la Maison était prête à relever les défis de tout genre pour réaliser les commandes de ses chers clients, elle se montrait très innovatrice et incomparable pour développer un modèle de montre paré aux chocs, comme celui de la montre Crash, modèle qui porte parfaitement bien son nom. L’histoire veut que le propriétaire d’une Cartier rapporte sa montre complètement déformée durant un accident de voiture à Jean-Jacques Cartier pour la réparer. Le récit pourrait se terminer ici, mais l’ambiance du Swinging London et sa rebelle créativité, poussent l’horloger à développer une série limitée de cadrans asymétriques en pleine distorsion. Renversant, non ? La recherche et développement continuent d’être des maîtres-mots des ateliers de la Maison Cartier, qui regorgent d’innovations, comme les montres écologiques ou sous vide.

Il est difficile de parler de Cartier sans mentionner la magie qui plane au-dessus de ses quelques créations, comme la récente collection de montres mystérieuses ou encore les pendules miracles, élaborées au XIXe siècle. Au milieu du cadran en cristal complètement transparent flottent deux aiguilles ensorcelées. Suspendues dans le vide, elles montrent pourtant l’heure. Connaissez-vous leur secret ? Une pincée de poudre, une poignée de magie… presque, elles sont fixées aux disques en verres, qui eux sont reliés au mécanisme du mouvement.

Sous contrôle de la famille durant quatre générations, Cartier est racheté en 1964 par un groupe d’investisseurs. La gamme de la Maison s’ouvre alors aux briquets, parfumeries ou encore à la maroquinerie, appelés les « Must de Cartier ». Depuis 1999, la marque est intégrée au groupe suisse Richemont, qui conduit au regroupement des talents et du savoir-faire des horlogers à La Chaux-de-Fonds. Ainsi, mêlant l’élégance à la française à la haute précision suisse, Cartier perdure l’esprit audacieux et avant-gardiste de ses fondateurs. Le mythe de Cartier est immortel, comme en témoigne les courts-métrages L’Odyssée de Cartier, récemment réalisés par la marque, qui retracent les histoires et les emblèmes de la Maison.