JoaillerieBijoux
22 décembre 2020

136 étincelles de Bvlgari

par Eugénie Rousak


©Bvlgari

Tous les chemins mènent à Rome, n’est-ce pas ? Comme celui de Sotirio Bulgari, qui a ouvert sa première boutique en 1884 sur la Via Sistina, en plein cœur de la capitale italienne. 136 ans plus tard, son cabinet de curiosités donne le ton à l’industrie joaillière, guidé par son audace scintillante et sa créativité débordante. Mélange serpentant entre ses origines ottomanes, l’héritage romain, une approche résolument contemporaine et l’imagination débridée de ses créateurs, le style de Bvlgari est aujourd’hui symbole de l’excellence et de la finesse italienne. C’est l’histoire de la Dolce Vita anticonformiste.

Le voyage de Sotirios Voulgaris a débuté bien avant 1884, année qui marque le début de l’histoire de la Maison Bvlgari, loin des terres qui avaient accueilli Michel-Ange et Raphaël.

Entre la Grèce et l’Italie

©Bvlgari ; bague datant de 1932

Originaire du petit village de Kalarites dans la région grecque de l’Epire, Sotirios Voulgaris embrasse l’orfèvrerie dès sa plus tendre enfance. Vendeur ambulant, son grand-père lui enseigne l’art de manier les métaux précieux. Malheureusement, les conflits politiques ravagent cette région et après l’incendie de la boutique familiale, Sotirios Voulgaris et son père se voient contraints de partir pour mener une vie de bohème. Ils débutent leur périple platiné en voyageant à travers la Grèce et l’Albanie avant de poser leurs valises à Corfu en 1877. Si la vie est paisible sur la petite île aux allures chics et désinvoltes, le jeune artisan rêve d’horizons plus larges et de perspectives lointaines. L’affaire familiale doit devenir internationale !  Il repart, cette fois-ci en direction de l’Italie. La douceur de vie napolitaine séduit Sotirios Voulgaris, et la famille ouvre sa première bijouterie sur la Piazza del Materi. Les cambriolages récurrents les ramènent vite à la réalité, rouillant le voile doré d’espoir. La décision est sans appel, cette ville n’est pas adaptée aux marchandises de valeur. En tout cas pas à cette époque. Avec seulement 80 centimes dans les poches, le jeune homme de 24 ans décide de partir à la conquête de la capitale. Avec son héritage culturel sans égal, ses vestiges architecturaux et son histoire millénaire, Rome a de quoi mettre des étincelles dans les yeux ! Sotirios Voulgaris, devenu Sotirio Bulgari all’italiano, travaille jour et nuit pour perfectionner son savoir-faire et toucher des sommets de sophistication. 

La Ville Éternelle offre sa chance au fin entrepreneur, qui se forge une place dans les cercles romains. A peine trois ans après avoir déposé ses valises, il ouvre déjà sa boutique d’antiquités et d’orfèvrerie sur la Via Sistina. Si c’est l’année 1884, qui a été retenue comme début de l’aventure Bulgari, il faut attendre encore dix ans et l’inauguration de la Via Condotti 10 pour voir le nom du fondateur apparaître sur la façade de l’enseigne. Avec ses fils, Constantino et Giorgio, l’affaire familiale déménage au numéro 28 de la même rue. Cette adresse existe toujours, si vous êtes de passage à Rome ! Comme tous les chemins partent de Rome également, le joaillier voit ses créations et montres partir aux quatre coins du monde au cou et aux poignets de sa clientèle internationale. Et pourquoi pas les amener lui-même à ses clients, lui qui a toujours rêvé de faire scintiller le monde entier ? Défi relevé, puisqu’en 1908 Bulgari compte sept boutiques et deux points de vente saisonniers en Europe. De plus, sans même en avoir conscience, il a créé la première chaine de vente de cette industrie, jusqu’à présent organisée en atelier-boutique ! Mais ce n’est que le premier maillon. A cette époque, le style de la Maison est grandement influencé par l’École française, avec son abondance de diamants et de métaux précieux dans des aspirations géométriques et d’Art Déco. Après la mort de son fondateur en 1932, celui-ci va connaître un chamboulement plus que visionnaire.

Toute la nuance du V

©Bvlgari : Elizabeth Taylor

Passant entre les mains des frères Constantino et Giorgio, un délicat et raffiné vent de changement traverse la boutique du 28. La lettre U laisse place au V, rappelant les codes de l’alphabet latin, alors que les intérieurs sont entièrement redorés. Le nouveau design de la boutique a, par ailleurs, été tellement réussi, qu’il a été choisi pour illustrer l’Enciclopedia Treccani, l’ouvrage de référence des sciences, des lettres et des arts en Italie. Mais ne nous écartons pas trop. A la sortie de la Seconde Guerre Mondiale, l’Europe a besoin de couleurs, de sentir l’abondance et de voir la richesse. Qui de mieux que l’extravagant Bvlgari peut répondre à cette demande ? La Maison s’écarte des influences françaises, s’aventurant dans le classicisme aux aspirations gréco-romaines avec une petite touche venue de la Renaissance. Un retour aux sources en quelque sorte !
Durant les années 50 Bvlgari quitte définitivement les normes et tendances des joailliers, peaufinant son propre style excentrique. Une imagination débordante associée à la maitrise des techniques novatrices sont ses nouveaux maîtres mots de la Via Condotti ! 
De cette réinterprétation de l’antique et du contemporain naissent des collections ingénieuses et avant-gardistes dans des matériaux dépassant toute imagination, comme le corail, l’acier ou encore la porcelaine.

Par exemple, En Tremblant, avec ses délicates pétales en mouvement grâce à un système de ressorts, ou encore Tubogas, qui revisite une technique du XIXe siècle pour donner un aspect arrondi aux « tuyaux ». Sans parler de Monete, qui intègre de véritables anciennes pièces de monnaie dans les bijoux ! Alors que la Maison taille les nouveaux codes, comme ses concurrents leurs pierres, les gemmes de Bvlgari, elles, sont étonnamment arrondies. Les cabochons suivent une forme de coupole, une technique de polissement, qui jusqu’à présent, était uniquement utilisée pour les pierres semi-précieuses. Une petite révolution dans l’industrie ! Le joaillier prône également les mariages en fonction de la palette de nuances et de teintes, ouvrant les nouvelles arcades à sa pensée fantaisiste. La valeur et le carat ont perdu leur règne face à l’audace de la terre romaine ! La vague déferlante de succès séduit la clientèle des 250 enseignes dans les années 70 et s’invite sur le grand écran. Qu’est-ce que les films La Proie des vautoursCasinò et Mission Impossible ont en commun ? Simplement, les bijoux Bvlgari ! 

Il est venu le temps des montres

Serpent envoûtant

L’arrivée des petits-fils du fondateur, Nicola et Paolo, au sein de la direction donne l’impulsion de s’aventurer sur le marché des montres pour homme. Et qui le connaît mieux ce domaine que les Suisses ? Bvlgari rachète les fabricants Daniel Roth SA pour son goût du classique et Gérald Genta SA pour sa touche d’impertinence, se positionnant directement au sommet de cette industrie. Le savoir-faire suisse mélangé à l’excentrisme italien produit un cocktail visuel et technique qui ne pouvait que fonctionner ! Il manque peut-être quelques nuances olfactives ? Ah non, l’Eau the Vert enivre déjà la tête depuis quelques années !

Retracer l’histoire de Bvlgari sans mentionner le serpent ? Absolument pas !  Symbole de vitalité et du savoir, ce reptile fait son apparition dans l’industrie joaillière au XXe siècle grâce à la Maison. S’enroulant d’abord autour du poignet, pour ensuite se glisser vers le cou, le Serpenti incarne la technicité poussée si propre à Bvlgari. Une maitrise parfaite de la juxtaposition des écailles du reptile donne un mouvement ondulaire et envoutant à la pièce maitresse. Quel talent !
Arpentant l’escalier de la Trinité-des-Monts, le serpent a même fini par se faufiler au sommet de l’industrie hôtelière ! Mais ça, c’est une autre histoire.

Voir la dernière campagne Bvlgari:

Parfume Le Gemme Kobraa, Bvlgari

Parfum Le Gemme Erea, Bvlgari

Montre Diva’s Dream, Bvlgari

Portefeuille Serpenti, Bvlgari

Bracelet Serpenti, Bvlgari

Bague B.Zero 1, Bvlgari

Montre Serpenti Tubogas, Bvlgari

Sac Serpenti (édition limitée), Bvlgari