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25 février 2020

Guerlain, au nom de la beauté depuis 190 ans

par Eugénie Rousak


©Guerlain

Bien plus qu’un simple emblème de la Maison, l’abeille survole l’histoire presque bicentenaire de Guerlain. Tantôt en se posant sur les fioles du parfum iconique Eau de Cologne Impériale, tantôt découlant leur délicieux nectar dans la gamme Abeille royale, tantôt en visitant les dix ruches du site de production, elles saupoudrent de pollen les doux pétales de fleurs. Matière première de la marque, ces dernières se dévoilent entre les mains expertes pour révéler leurs arômes uniques aux nez de la dynastie Guerlain. Ainsi commence le jeu de mélanges, de mariages et de divorces. Si délicat, si subtile, si Guerlain.

« L’Abeille, alchimiste de la nature. Et Guerlain, alchimiste de la beauté »

Après une enfance plongée dans les saveurs de l’épicerie familiale au nord de la France, Pierre-François-Pascal Guerlain se passionne pour l’univers des odeurs et des couleurs. D’abord commis-marchand à Paris, il décide rapidement de s’aventurer de l’autre côté de la Manche pour entreprendre des études de médecin-chimiste. A l’époque, si Paris ne se positionnait pas encore comme le Graal des couturiers-parfumeurs, c’est bien vers l’Angleterre que les nez les plus talentueux se tournaient pour se former. De retour sur le sol français en 1828, le parfumeur-vinaigrier s’installe directement au rez du très prisé hôtel Le Meurice. Dès-lors, un soupçon de touches florales s’échappait du numéro 42 pour vagabonder dans toute la rue Rivoli.

La dynastie des Guerlains

Que des merveilles mystérieuses et inconnues sont alors présentées dans la boutique : la crème de rose aux limaçons, le soin pour la peau Blanc de perles, les premiers baumes à lèvres surnommés Baume de la Ferté, ou encore les fameux sapoceti, autrement dit les savons aux essences naturelles. Importés ou fabriqués, ces délices cosmétiques trônaient fièrement sur les tables de toilette des parisiennes. Mais ce qui crée le véritable engouement autour de la marque au double G est surement les créations olfactives de Pierre-François-Pascal Guerlain. Dans une recherche perpétuelle de fragrances et d’effluves, le parfumeur compose ses premiers mélanges, en honneur aux deux pays qu’il connaît si bien : les Senteurs des Champs pour la France et le Bouquet du Jardin du Roi pour l’Angleterre. S’il se passionne pour les senteurs, il veut surtout provoquer des émotions, créer un véritable voyage hypnotique avec quelques gouttes de nectar sur le poignet. Poussant la personnalisation à l’extrême, il compose des eaux de toilette uniques pour des femmes et même des ambiances particulières. C’est notamment le cas de la fameuse Eau de Cologne Impériale aux notes citronnées dans une fiole aux abeilles, spécialement réalisée à l’occasion du mariage de l’Impératrice Eugénie avec Napoléon III. D’ailleurs, c’est grâce à ce cadeau, que Guerlain a obtenu le titre de « Fournisseur officiel de Sa Majesté ». Mais la cour française n’est pas la seule à idolâtrer les bouquets aussi délicats que complexes du parfumeur, qui séduit également les couronnes espagnoles, britanniques, roumaines et belges. Et l’autrichienne Princesse, Sissi raffole de Crème à la Fraise, spécialement créée pour sa peau !

En 1862, les deux fils du fondateur rejoignent l’entreprise familiale : Gabriel s’occupe de la gestion, alors que son frère Aimé devient le nouveau nez. Influencé par les impressionnistes, le parfumeur ne veut plus reproduire la nature, mais en présenter une métamorphose, une vision. Il s’élance ainsi dans la création du premier parfum moderne Jicky. Mariant les infusions naturelles aux notes de synthèse pour la première fois au monde, il provoque un coup d’état dans l’industrie, symboliquement présenté durant la deuxième édition de l’Exposition universelle ! Mais la révolution du double G ne s’arrête pas à la parfumerie, s’élançant également dans la sphère des produits de soin et du maquillage. Les femmes découvrent alors des inédits envoutants pour sublimer leur beauté naturelle : la poudre compacte et le rouge à lèvres Ne m’oubliez pas. Le ton est donné !

A la fin du XIXe, c’est au tour des fils de Gabriel, les adolescents Pierre et Jacques, d’intégrer l’affaire familiale. C’est à Jacques qu’Aimé enseigne alors l’art de la parfumerie, transmettant le livre des recettes et des secrets les mieux gardés de la Maison à l’abeille. Tel un alchimiste, le nouveau nez expérimente dans le laboratoire jour et nuit. Il imagine de nouveaux mélanges et retravaille les anciens. Le résultat ? L’inédite référence au Petit-Prince nommée Vol de Nuit et l’oriental Shalimar. Ce n’est pas un hasard, si l’odeur de ce dernier paraît familière aux connaisseurs. Jacques Guerlain reprend les senteurs de Jicky et les fusionne avec la vanille de synthèse et la bergamote, tout en retirant la lavande et l’arôme de bois ! Cette base subtile et raffinée, composée de bergamote, jasmin, rose, iris, vanille et fève tonka, est affectueusement nommé la Guerlinade, et sera utilisée dans presque tous les nouveaux parfums de la Maison. Ne soyez donc pas étonnés, si vous êtes séduits par l’ensemble de la gamme ! À l’orée du XXe siècle, la Maison ne délaisse pas les innovations du maquillage, présentant deux produits énigmatiques : la poudre du soleil Terracotta et un mélange de billes multicolores sous le nom étrange de Météorites. Encore méconnus du public, ils vont pourtant s’ancrer profondément dans l’histoire des cosmétiques, pour être revisités et modernisés par le directeur créatif Olivier Echaudemaison. Personnage emblématique, à qui l’on doit également les rouges à lèvres Kiss Kiss, et la petite merveille joaillière personnalisable, le Rouge G.

Thierry Wasser, ©Guerlain

Le dernier de la dynastie à prendre les rênes de la Maison est l’obstiné et passionné Jean-Paul Guerlain, petit-fils de Jacques. Surnommé « Marco Polo des essences », il a développé un odorat exceptionnel, arrivant à reconnaître près de trois mille nuances. Alors que l’entreprise familiale a été achetée par le groupe LVMH en 1994, le dernier des Guerlain reste à sa tête jusqu’en 2008, choisissant Thierry Wasser comme successeur. Pari gagné, puisque c’est à ce dernier que nous devons la tempête olfactive nommée, La Petite Robe Noire.

Une histoire de flacons

Il est difficile de parler de Guerlain, sans mentionner le savoir-faire unique, développé durant près de deux cents ans. Symbole de l’élégance à la française, la Maison reste fidèle et attachée à l’art du flaconnage, barbichage et baudruchage, qui lui ont d’ailleurs valu d’être reconnue Entreprise du Patrimoine Vivant. Si Guerlain s’est toujours entourée d’artisans, verriers, graveurs, bijoutiers, brodeurs, ce sont les Dames de table qui créent la magie autours des produits. Véritables petites abeilles, elles parachèvent les plus beaux flacons, les embellissant de cordons avec des nœuds sophistiqués avant de peigner les fils de soie selon des techniques ancestrales. Le temps s’arrête, seule la délicatesse compte.

©Guerlain

Avec plus de 1100 créations olfactives depuis sa naissance en 1828, la Maison Guerlain a tracé l’histoire de la parfumerie, tantôt la guidant vers la modernité, tantôt revenant sur les traditions. Mené par des nez aussi audacieux que minutieux, elle fabrique annuellement un million de litres de « gelée royale » dans sa ruche Made in France. Et l’envol de l’abeille au double G n’est pas fini.

Abeille Royale, Guerlain

L’essentiel fond de teint, Guerlain

Météorites Happy Glow, Guerlain

Rouge à lèvre, Guerlain

Parfum petite robe noire, Guerlain

Terracotta Nude, Guerlain

Parfum Shalimar, Guerlain